« N’oublions pas l’intelligence collective »

Auteur: Vincent Lorphelin (Entrepreneur, coprésident de l’Institut de l’Iconomie), Christian Saint-Etienne (Economiste, coprésident de l’Institut de l’Icon…

AU CŒUR DE L’IA. Vouloir engager une réflexion nationale sur l’intelligence artificielle est un piège politique que le gouvernement se tend à lui-même. Pour l’éviter, il vaut mieux chercher la synthèse de l’intelligence artificielle et de l’intelligence collective.

TRIBUNE. Le premier ministre a confié au député et mathématicien Cédric Villani une mission sur l’intelligence artificielle (IA) pour l’éclairer et « ouvrir le champ à une ­réflexion nationale ». L’enjeu est de taille. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, et Eric Schmidt, président exécutif de Google, pensent pouvoir, grâce à l’IA, « réparer tous les problèmes du monde ».

Ce courant de pensée est puissant, mais critiqué pour ses dérives « solutionnistes ». Demander à l’IA de ­résoudre le problème des sans-abri reviendrait à lui laisser les effacer en temps réel dans nos lunettes de ­réalité augmentée. Si perfectionnée soit-elle, l’IA ne sait pas contextualiser les problèmes pour les élucider, et se précipite trop tôt sur de fausses solutions. C’est pourquoi Elon Musk, fondateur de Tesla, craint le scénario de Terminator : « Jusqu’à ce que les gens voient vraiment des ­robots tuer des personnes, ils ne sauront pas comment réagir, tellement ça leur paraîtra irréel. » Pour contrer ce funeste destin, il a créé la société Neuralink, destinée à augmenter nos capacités cérébrales grâce à de minuscules composants électroniques entrelacés entre nos 86 milliards de neurones.Un deuxième courant de pensée « transhumaniste », lui-même critiqué pour être un remède pire que le mal.

Occasions ratées

A l’inverse, l’intelligence collective (IC) veut augmenter la coopération entre les humains. Un rêve ancien resté inachevé. L’intelligence est ­certes interconnectée avec Internet et collaborative avec Google et les ­réseaux sociaux, mais elle est encore peu collective. Ce développement s’est toujours heurté aux limites du bénévolat, de la gouvernance partagée ou de l’organisation hiérarchique. A chaque fois qu’une dynamique d’invention collective s’est mise à bouillonner, pour lancer la machine à vapeur ou la micro-informatique, elle s’est figée dès les premiers succès. Les contributeurs se disputent…

Source: http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/01/02/n-oublions-pas-l-intelligence-collective_5236747_4408996.html#cFxl7jtzVhEqX3E8.99